Bien choisir son salon de coiffure : les conseils de Pierre Barré (Hygiène Plus)

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Nous sommes nombreuses à avoir déjà franchi les portes d’un salon de coiffure ou d’un institut de beauté dont l’hygiène était plus que douteuse : serviettes et peignoirs sales, instruments mal nettoyés, produits mal conditionnés, salon mal rangé, etc. Pour connaître les risques que nous prenons en fréquentant ces types d’établissements, nous avons interviewé Pierre Barré, président fondateur de Hygiène Plus, une société spécialisée dans le conseil et la prévention des risques dans les salons de beauté.

Article mis à jour le 1 décembre 2014 par La rédaction

Nous sommes nombreuses à avoir déjà franchi les portes d’un salon de coiffure ou d’un institut de beauté dont l’hygiène était plus que douteuse : serviettes et peignoirs sales, instruments mal nettoyés, produits mal conditionnés, salon mal rangé, etc. Pour connaître les risques que nous prenons en fréquentant ces types d’établissements, nous avons interviewé Pierre Barré, président fondateur de Hygiène Plus, une société spécialisée dans le conseil et la prévention des risques dans les salons de beauté.
Pierre Barré, fondateur de Hygiène plus

Biloa Magazine : Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Pierre Barré : Coiffeur de formation, j’ai évolué pendant dix ans dans différents salons en faisant le simple constat que la prévention, l’hygiène et la sécurité, aussi bien pour les professionnels que pour les clients n’étaient pas au rendez-vous.

En 2005, j’ai créé Hygiène Plus en intégrant des compétences médicales et juridiques. Puis en 2008, j’ai reçu l’habilitation d’Intervenant en Prévention des Risques Professionnels (IPRP).

Biloa Magazine : Comment êtes vous passé de coiffeur à chef d’entreprise ?

Pierre Barré : Au poste de coiffeur, puis de responsable d’un salon, j’ai bien compris l’attrait des clients pour l’hygiène du matériel, du linge mais aussi pour des espaces de travail bien rangés et que cela renforçait la relation de confiance et le plaisir, ces derniers en parlaient à leur entourage, le bouche à oreille a vite fonctionné.

Avec le temps et l’habitude, la notion de risque disparaît pour les professionnels de la beauté (coiffure, soins esthétiques, onglerie) : la manipulation de produits chimiques, les risques de chute, les contacts directs avec du public, etc. Il me paraissait alors normal de partager mon expérience et mon recul sur ces métiers qui aujourd’hui partagent de plus en plus souvent un même espace professionnel.

Biloa Magazine : Combien de personnes travaillent pour votre entreprise ?

Pierre Barré : Aujourd’hui, en ayant le soutien d’un cabinet d’avocat, de compétences médicales avec un médecin spécialisé en infectiologie, une infirmière hygiéniste, des médecins du travail, un médecin psychiatre spécialisé dans la prévention des risques psycho-sociaux, j’interviens seul pour animer les formations en présentiel. 

Au niveau de l’hygiène, les formations se font essentiellement par un module vidéo, ce qui permet d’avoir une ouverture nationale avec des contrôles effectués par des clients mystère pour vérifier le respect des Chartes. Les missions de conseil en Prévention-Hygiène-Sécurité répondent aux interrogations de professionnels soucieux et responsables, mais le plus souvent ces interventions ont lieu après un contrôle des services de l’Inspection du travail.

Enfin, gérée de façon autonome, la boutique fournit des produits issus du médical et adaptés aux besoins des professionnels de la beauté.

Biloa Magazine : Combien d’entreprises vous on fait confiance jusqu’à ce jour ?

Pierre Barré : L’activité commerciale est encore récente mais avec la boutique, nous approchons la centaine de clients.

Biloa Magazine : Avez vous réalisé une étude ou disposez vous de chiffres clés sur l’hygiène et la sécurité dans les salons de beauté ?

Pierre Barré : L’absence de système épidémiologique ne permet pas de fournir de statistiques à ce sujet. En revanche, au regard des pratiques professionnelles, le risque est évident : le matériel utilisé est piquant, coupant, abrasif, passe de mains en mains, de clients en clients sans une désinfection adaptée.
Pour confirmer ce risque, nous travaillons activement avec un médecin spécialisé en infectiologie. 

« Pour mieux se protéger et protéger les autres »

Notre mission n’est pas de créer une culture du risque, mais de rassurer les consommateurs et de fournir aux professionnels les moyens nécessaires pour assurer des services de qualité, en toute sécurité. Et puis, en cas d’accident, il en est de la responsabilité du professionnel.

Biloa Magazine : De votre expérience de coiffeur, pouvez vous nous dire quels sont les principaux risques observés dans les salons de coiffure et beauté ? 

Pierre Barré : En beauté, les risques sont multiples : le risque chimique, les risques de chute, les troubles musculo-squelettiques (TMS), le risque biologique, les risques psycho-sociaux (RPS), etc. Et tous les risques liés à la sécurité des locaux.

Biloa Magazine : Comment expliquez vous ces situations ? Défaut de formation ou manque d’informations des professionnels de la beauté ? 

Pierre Barré : La problématique la plus souvent rencontrée est de constater que les coiffeurs, les esthéticiennes, les manucures font fréquemment l’amalgame entre leur propre hygiène personnelle et celle de leur activité. Il est important de rappeler que l’état de santé des clients est inconnu, souvent eux-mêmes ignorent être porteurs d’agents pathogènes et que dans ces conditions, l’utilisation à nouveau du matériel sans une hygiène de qualité constitue un risque de transmission de ces agents biologiques.

Biloa Magazine : Comment aidez-vous ces professionnels à résoudre leurs différents problèmes d’hygiène et / ou sécurité ? 

Pierre Barré : Le but est d’informer les professionnels de leurs devoirs et de leurs responsabilités et de leur démontrer que la prévention, l’hygiène et la sécurité permet de développer et d’améliorer la qualité des services.

Dans un premier temps, il est important de se mettre à la place des clients et de se poser les bonnes questions : 

  • Accepteriez-vous de rentrer dans un salon, un institut en désordre ?
  • Accepteriez-vous de porter un peignoir plein de cheveux des clients précédents, avec d’éventuelles odeurs de parfum ou de … transpiration, ou encore une serviette humide ?
  • Que l’on utilise pour vous du matériel à l’hygiène douteuse ?

Bien évidemment, personne !

Ensuite, informer les professionnels sur les modes et les moyens de transmission des agents biologiques pour mieux comprendre la nécessité de ces principes d’hygiène : le lavage des mains, la désinfection du matériel et des surfaces, le linge, etc.

Et enfin, fédérer tous les professionnels d’un salon, d’un institut autour d’un projet commun. La mise en place de ces principes devient rapidement un réflexe, en parler avec ses clients, communiquer à ce sujet permet de développer une réelle dynamique de Qualité de service : les Chartes informent les clients sur l’hygiène et rappellent aux professionnels leurs engagements.

Biloa Magazine : Enfin, quels conseils pouvez vous donner aux clientes pour bien choisir leurs salons de coiffure /beauté ?

Pierre Barré : Dédiés au bien-être, les services de beauté doivent se dérouler dans les meilleurs conditions possibles de sécurité et de confort pour les clients. Même, si aujourd’hui, on ne remet plus en cause les compétences des professionnels de la beauté, il est toujours important de rappeler que ce sont les client(e)s qui ont le pouvoir d’achat, de choisir, de changer. Il revient donc aux professionnels de tout mettre en œuvre pour capitaliser et fidéliser une clientèle de plus en plus exigeante et volatile.

  • Le premier conseil est de prendre en compte les avis de ses ami(e)s, de l’entourage, souvent plus fiables que les avis sur internet. Puis de se rendre sur place pour observer l’ordre et le rangement du salon depuis l’extérieur, éventuellement rentrer pour demander un conseil et apprécier l’ambiance.
  • Le second est de tester un service comme un brushing, une pause de vernis, ne pas hésiter à poser des questions sur l’hygiène, observer les professionnels.
  • Enfin, le troisième est de se poser la question suivante « Est ce que j’ai vraiment envie de revenir ? »

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