Entretien avec Elisabeth Ndala, fondatrice et directrice de « BAB’s Galerie »

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Après une carrière dans le secteur de l’énergie nucléaire, Elisabeth Ndala a décidé de suivre sa passion pour l’art en ouvrant sa propre galerie. Découvrez son interview-portrait.

Article mis à jour le 11 janvier 2025 par La rédaction

Elisabeth Ndala - BAB's Galerie Paris

Après une carrière dans le secteur de l’énergie nucléaire, Elisabeth Ndala a décidé de suivre sa passion pour l’art en ouvrant sa propre galerie. Découvrez son interview-portrait.

Biloa Magazine : Votre passion pour l’art s’est révélée en 2002 lors d’une rencontre avec un artiste sur l’île de Gorée au Sénégal. Mais cela vous a pris 10 ans avant de vous lancer dans l’art. Comment l’expliquez vous? 

Elisabeth Ndala : Il a fallu une rencontre pour que l’idée et l’envie de travailler avec des artistes naisse, mais de l’idée à la réalisation, 10 années ont effectivement été nécessaires. En effet, à cette époque je démarrais tout juste ma vie professionnelle dans le secteur de l’énergie (nucléaire) en tant qu’acheteuse. Le poste que j’occupais correspondait aux études que j’avais suivi et à l’objectif que je m’étais fixé : devenir cadre! Changer de voie était inenvisageable. Pour autant, j’ai commencé à me renseigner sur la profession et j’ai même vendu quelques peintures achetées au Congo, à des collègues. Il a fallu attendre un autre déclic, celui de la maternité pour que l’idée qui avait germé prenne une place tellement importante, que je ne puisse plus faire autrement que de la suivre. Pour se faire, j’ai entamé un bilan de compétences et un nouveau 3 ème cycle en conduite de projets culturels. Un stage dans une galerie (Goutte de terre) m’a ensuite permis de préciser mon projet.

Quelle est votre vision du métier de galeriste ?

Pour moi le métier de galeriste est d’avant tout de promouvoir des artistes en qui l’on croit. C’est aussi de véhiculer des idée par le biais de l’art. Je suis totalement phase avec la citation de Victor Hugo qui dit que « la forme, c’est le fond qui remonte à la surface ». Après, il réside une part de pragmatisme qui nous pousse à présenter un artiste plutôt qu’un autre. Mais, l’essentiel est d’être en phase avec ses goûts, ses idées.

Pratiquez-vous vous-même un art ?

On va dire que je n’ai pas pratiqué d’art. Mais j’ai tout de même l’impression de créer une histoire à chaque exposition que je présente. C’est encore plus le cas lorsque je monte des expositions thématiques où je fais se rencontrer des artistes autour d’un sujet qui me tient à cœur. Ça a été par exemple le cas lors de l’exposition « Influences Africaines », où j’ai réuni des artistes venus des 4 coins du monde, autour d’une inspiration artistique venue d’Afrique. C’était une façon de célébrer l’Afrique qui a inspiré, qui inspire et inspirera…l’art.

Dans la même idée, j’ai proposé une exposition intitulée « Art Business » afin d’évoquer le rapport ambigu de l’artiste à l’argent.

J’aime l’art qui nous dit des choses de notre époque!

Un conseil pour les femmes qui envisagent de créer leur entreprise dans le domaine de l’art?

J’en aurai deux :

Le premier : commencer tout de suite, sans attendre d’avoir les diplômes requis, ou d’avoir un lieu fixe qui leur permette d’exposer les artistes qu’elles apprécient! Le métier de galeriste, comme d’autres activités demande d’accumuler une expérience, de se constituer un réseau d’artistes, d’amateurs et de collectionneurs d’art. Alors avec du recul, je conseille aux femmes de se lancer dès qu’elles le peuvent, surtout si elles ne viennent pas de familles implantées dans le secteur.

Le second : ne pas écouter ses peurs, mais plutôt ses envies. En tant que femme, de nombreux freins réels ou imaginaires peuvent venir entraver les projets. Le fait d’être mère peut générer une culpabilité dont il faut vite se débarrasser, par exemple.

 Comment s’est passé l’ouverture de votre première galerie ? Avez-vous été accompagnée?

Pour l’ouverture de la BAB’s Galerie à Bagnolet, je me suis lancée seule, en tant qu’auto-entrepreneur. J’ai poursuivi mon activité salariée en parallèle pendant un an et demi, le temps d’apprendre le métier, de me sentir plus légitime dans l’activité de galeriste, et de construire un réseau artistique et commercial viable. Cette double casquette a été énergivore, mais nécessaire, avant le grand saut.

Du point de vue de l’emplacement choisi, j’ai décidé de m’installer à Bagnolet pour différentes raisons, mais la plus importante fut de croire qu’un art exigeant avait toute sa place en banlieue. Cette idée m’a portée tout au long des deux années passées à Bagnolet.

BAB's Galerie
BAB’s Galerie

Vous avez à présent une galerie à Paris dans le 7ème arrondissement. Est-ce que celle de Bagnolet est toujours ouverte ?

En réalité, j’ai déménagé à Paris. Le pari lancé fin 2012, en m’installant à Bagnolet a été remporté. Il m’a ensuite semblé indispensable de m’installer à Paris pour développer commercialement la BAB’s Galerie. En effet, J’ai réussi à susciter un fort intérêt pour la BAB’s Galerie, lorsqu’elle était installé à Bagnolet, avec notamment une couverture médiatique non négligeable ( France-Inter, Artension, Télérama, L’Expansion…) mais faire déplacer des amateurs d’art en banlieue demande un effort de communication très important. Ma fierté est d’avoir réussi, mais maintenant je veux mettre cette énergie au service d’autres défis. Une galerie d’art privée s’adresse à une niche de personnes qu’il faut fidéliser, ce qui est plus aisé en étant à Paris, qui plus est dans le 7ème arrondissement.

Pour ce qui est de la programmation, je reste fidèle à ma ligne artistique, mais de nouvelles opportunités apparaissent.

Comment sélectionnez-vous ou dénichez-vous vos artistes ? 

Concrètement, il y a  plus d’artistes que de galeries, de ce fait, en tant que galeriste, je suis sollicitée par un grand nombre d’artistes. Je regarde tous les dossiers qui me sont envoyés et parfois, j’ai un coup de coeur. Ensuite, l’outil internet et les réseaux sociaux sont aussi un bon moyen de découvrir des talents. Sinon, les artistes avec lesquelles je travaille et qui connaissent mes goûts me proposent aussi le travail d’autres artistes. Enfin les visites de salons et de vernissages sont un bon moyen de découvrir des artistes avec lesquels je vais pouvoir travailler par la suite. Au delà de l’aspect purement artistique, la dimension humaine est très importante à mes yeux.  Aujourd’hui, je travaille plus particulièrement avec les artistes suivants : Valentin Caro, Dimbeng, Djalouz, Gino, Milan, Hassan Mimouni et Stéphane Thévenon.

Pouvez-vous nous parler de l’exposition du photographe Luigi Di Donna que vous présentez actuellement dans votre galerie ? 

Je présente du 15 décembre au 15 janvier 2016,  l’exposition « La nudité dans sa plus sensuelle expression : Une intouchable armure de chair! » du talentueux photographe de mode Luigi Di Donna. Elle propose le travail de l’artiste à travers des nus artistique qu’il souhaite respectueux et valorisant pour la femme. 6 triptyques présentent des modèles qu’il a su mettre en confiance, et qui livre une partie de leur intim ité à son objectif. Les photos sont magnifiques et pleine de pudeurs. Je  présente aussi un calendrier 2016 qui reprend son travail. C’est une très belle rencontre qui plonge la galerie dans le milieu de la mode élevée au rang d’Art!

Et quelles sont les prochaines expositions que vous avez programmées pour cette année ? 

Comme évoqué, l’exposition du photographe Luigi Di Donna se poursuit jusqu’au 15 janvier 2016. En parallèle, je présente l’exposition « Vie » de l’artiste Mimouni à la Mairie du 7ème arrondissement, du 14 au 20 janvier 2016, avec un vernissage programmé le 14 janvier 2016. La thématique grave évoque subtilement la beauté de la vie.

Ensuite, je vais travailler au mois de février avec la créatrice et designeuse Myriam Maxo qui proposera à différents artistes de créer autour de son « Doudou ». Au mois de Mars, je proposerai le travail fort et parfois dérangeant du photographe Stéphane Thévenon, enfin au mois d’avril je resterai dans l’univers photographique en proposant les portraits de la série Queer du jeune photographe Quentin Houdas. Voilà ce que je peux vous dire pour le moment, mais n’hésitez pas à suivre l’actualité de la BAB’s Galerie sur le net (babsgalerie.fr ou facebook.com/babsgalerie).

Merci pour vos réponses, souhaitez-vous faire un dernier commentaire?

En tant qu’entrepreneure, je conseille aux personnes qui souhaitent se lancer de se faire confiance et d’essayer, car c’est une expérience de vie très enrichissante. Elle apprend beaucoup sur soi.

Enfin avec cette aventure entrepreneuriale dans le monde de l’art, j’espère emboîter le pas à des jeunes gens qui auront aussi l’envie d’entreprendre dans des domaines ou on ne les attend pas! Je crois fortement en la force du modèle et j’espère en être un pour eux!

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