Etude: les enfants, principales victimes des violences sexuelles

single-image

L’association Mémoire Traumatique et Victimologie, avec le soutien de l’UNICEF France vient de publier les résultats de l’étude «Impact des violences sexuelles de l’enfance à l’âge adulte».

Article mis à jour le 1 mai 2021 par La rédaction

L’association Mémoire Traumatique et Victimologie, avec le soutien de l’UNICEF France vient de publier les résultats de l’étude «Impact des violences sexuelles de l’enfance à l’âge adulte». 1 214 personnes, dont 95 % de femmes, ont répondu à cette vaste enquête. Découvrez le compte rendu de notre correspondante Dolores qui a assisté au colloque organisé pour l’occasion.

Lundi 3 mars 2015 se tenait un colloque au sujet des victimes de violences sexuelles de l’enfance à l’âge adulte au sein du Palais de Luxembourg à Paris. Des tables rondes réunissaient plusieurs intervenants : des présidents d’associations, Laurence Rossignol (Secrétaire d’état chargée de la famille), des sociologues, des chirurgiens, pédiatres, psychologues, thérapeutes… L’objectif étant d’informer le public, améliorer et promouvoir la prise en charge des victimes.

Les enfants sont les principales victimes de violences sexuelles

  • 81% des cas commencent avant l’age de 18 ans
  • Avant l’age de 11 ans pour 1 victime sur 2
  • Avant l’age de 6 ans pour 1 victime sur 5
  • 70% des victimes subiront au moins une autre agression à caractère sexuel au cours de leur vie .

Qui sont les agresseurs ?

  • 96% sont des hommes
  • 94% sont des proches
  • 1 enfant sur 2 est agressé par un membre de sa famille
  • 1 sur 4 est un mineur

Les conséquences des violences sexuelles psycho-traumatismes chez l’enfant

96% des conséquences touchent la santé mentales.

  • Etre dans une grande souffrance psychique et physique, en proie à des flash-back, des pensées, des sensations et des images liées aux violences qui s’imposent à vous, à des cauchemars fréquents.
  • Se sentir en état de danger permanent, hypervigilant (e), être trés anxieux, être en prise avec des comportements et des conduites qui s’imposent à vous, complulsifs, tentatives de suicides, automutilations.

Les conséquence sur la santé

En plus des lésions traumatiques directes liées aux violences physiques, les conséquences du stress peuvent être :

  • Une fatigue intense, des douleurs chroniques, des maux de têtes,
  • Des troubles digestifs, gynécologique et génito-urinaires, endocriniens, allergiques, dermatologiques,
  • Des troubles cardio-vasculaires, palpitations, hypertension artérielles, atteinte coronaire.

Les violences ont un impact catastrophique, destructeur sur la santé. Une bonne prise en charge médicale spécialisée et psychothérapique permet de relier les symptômes traumatiques au violences , d’en comprendre les mécanisme, de les contrôler et d’y échapper.

Protection et justice, que faire ?

  • Ne pas rester seul (e) se faire aider et surtout d’en parler !
  • Déposer une plainte , contacter votre PMI, le 3919, le 119, le 18, 17
  • Contacter les différentes associations spécialisées Allo enfance en danger, ASE Aide Sociale à l’enfance…

L’importance de la prise en charge médicale

Le viol est une urgence qui nécessite une prise en charge judiciaire et médicale. Des professionnels spécialisés peuvent aider les victimes.

Les symptômes traumatiques traduisent une grande souffrance encore très méconnus car les professionnels y sont rarement formés sur certains cas .
Les soins sont nécessaire afin que la mémoire traumatique soit bien traité. Le rôle du soignant est d’aider les victimes à faire des liens, comprendre et petit a petit désamorcer le traumatisme subit .

Parmi les différents intervenants présents, je me suis intéressée particulièrement au discours du Dr Désiré Aluméti, chirurgien pédiatrique à l’hospital Panzi en RDC .

Nous savons tous que les violences sexuelles en République Démocratique du Congo (RDC) faites aux enfants ne sont pas des phénomènes nouveaux. Ils prennent encore de l’ampleur.

colloque violences enfants 2Le Dr Aluméti reste de marbre en regardant les chiffres des victimes en France : « Cela est inadmissible, la France est l’exemple même de la liberté et de la démocratie » a t-il déclaré.

La RDC compte 70 millions d’habitants, 5 pays frontaliers et les conflits armés y sont omniprésents. Dans l’Est du pays on y trouve une zone riche en minéraux, or, gaz, diamants et paradoxalement la population locale reste très pauvre. Les chiffres sont éloquents :

  • Plus de 40 000 femmes sont victimes de violences conjugales
  • 346 mineurs violés par an soit un enfant tous les jours
  • Les lésions sont extrêmement graves.

Que cherche les agresseurs (rebelles, groupes armés) ? une vengeance, la destruction d’un peuple, d’une ethnie….

Au sein de son établissement a l’hospital de Panzi , le Dr Aluméti a récemment mis en place « Le modèle Panzi », une approche holistique de la prise en charge des soins des victimes de violence sexuelles (SVVS). Ce qui n’a jamais été fait auparavant. Cette approche est constituée de 4 piliers :

  • Utilisation des soins médicaux de qualité
  • Un accompagnement psychologique des victimes
  • Un accompagnement judiciaire et juridique
  • Une réinsertion sociale et un suivi

Ces 4 piliers développent ce que le Dr Aluméti appelle « la théorie de la chaise » qui réunit 4 acteurs travaillant ensemble sur place :

  • Médecins, infirmiers…
  • Psychologue, psychiatre…
  • Magistrat, juge…
  • Assistante sociale…

Le programme  » One Stop Center  » sera églement mis en place prochainement. C’est la création de mini structures hospitalières dans tout le pays. Les victimes recevront des soins, un soutien et un suivi par des professionnels formés sur ces cas particuliers.

Ils ont cependant très peu d’appuis du gouvernement, voire quasi rien. Les structures fonctionnent principalement avec des partenaires. Certains professionnels soignants arrivent sur le terrain sans être bien formés sur les différentes pathologies qu’ils peuvent rencontrer.

Le Dr Aluméti nous a montré des photos et vidéos sur des enfants violés ayant subi des lésions abominables, déchirures vaginales, anales…. Horrible !

Dolores Biloa MagazineEn conclusion, il faut impérativement améliorer les soins des enfants et former des professionnels soignants La protection de l’enfant est une priorité, un droit. Ce qui est difficile à connaitre est l’avenir de ces enfants ayant subit ces atrocités. La plupart des cas répéteront ce qu’ils ont vécu à leurs propres enfants, un proche…

Texte écrit par Dolorès, correspondante Biloa Magazine à Paris