Imane Ayissi : « L’Afrique a ses propres richesses qui sont encore méconnues « 

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Article mis à jour le 1 mai 2021 par La rédaction

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Dans le cadre de la présentation de sa collection Printemps / Eté 2017, baptisée « Asseulènn », le styliste Imane Ayissi nous a accordé une interview franche et très inspirante.


Qu’elles ont été vos influences pour réaliser cette collection ? 

Mes influences ? Ce sont l’Afrique, le monde, les gens que je côtoie, des souvenirs, des cadeaux qu’on a pu recevoir, des gens que l’on rencontre et qui nous marque… des échanges. C’est la richesse culturelle, la richesse humaine !

Et comment définisseriez-vous votre style ?

Un style ça se travaille, c’est une longue histoire, ça prend des jours, quelque fois avec moi-même. Dieu merci, beaucoup de gens commencent à reconnaître mon style : la sobriété. Tout est dans les détails, quelques fois il y a des drapés… Tout en respectant aussi les codes de la Haute-couture. Et depuis quelques saisons, je me bats à mettre les vrais tissus africains, comme vous avez pu le voir dans cette collection. Parce que quand on parle de tissus africains on parle du fameux Wax, qui n’est pas un tissu africain mais un tissu qu’on a imposé à l’Afrique. L’Afrique a ses propres richesses qui sont encore méconnues et qu’il faut montrer !

Que pensez-vous de l’effervescence autour de la mode afro : nouvelles marques, nouveaux médias, nombreux événements, etc. ?

Je pense qu’il y a du potentiel… Mais en même temps quand on dit que l’Afrique est à la mode je me méfie parce que ça peut durer quelques temps et après ça disparaît.

Je pense que l’Afrique doit se forger, former des lobbying dans tous les sens pour être forte et construire des choses qui vont durer dans l’avenir. Parce que si on attend toujours qu’on vienne nous chercher pour nous mettre dans la lumière, ce sont les autres  qui viennent toujours découvrir du talent chez nous alors qu’il y a beaucoup de talents en Afrique et d’intellectuels.  L’Afrique à la base a une richesse immense, même historiquement… Mais qu’est ce qu’on a fait avec tout ça ?

Il y a quelque années on a fêté le 50ème anniversaire des indépendances des pays africains… Le bilan c’est quoi ? … De temps en temps, nous même les Africains on doit se poser la question. Moi, je me dis toujours que chaque personne est responsable à son niveau. Si on se comporte bien avec les étrangers, les voisins, tant mieux. Si on se toise, que l’on se fait la guerre, que l’on construit pour détruire, malheur à nous…

Mais cela n’a pas été voulu quelque part ? ça fait pas parti de l’aliénation que l’on a subit depuis des siècles ? 

Bien-sûr ! Mais à un moment donner c’est à nous aussi de grandir, d’ouvrir les yeux et de voir les choses autrement, d’être ensemble et de se faire confiance !

Pour en revenir à votre collection, allez vous présenter vos créations au Canada, notamment à Montréal ?

J’ai été à Montréal trois fois, mais je n’ai jamais présenté de collections mais ça viendra car les Canadiens sont très accueillants! J’y suis allé deux fois en tant que mannequin et et une fois en tant que danseur. J’avais posé pour Elle Quebec et la marque Brown shoes.

Merci pour vos réponses, avez un dernier commentaire à faire pour nos lecteurs ?

Longue vie pour votre magazine ! Je souhaite que l’on puisse acheter des magazines afro qui nous représente au niveau international. Quand on créé un magazine, c’est du travail que l’on créé, c’est aussi la vitrine de notre continent, une manière d’ouvrir des fenêtres vers le monde. Donc achetons ce que font nos rédacteurs en chefs, n’attendons pas d’aller le lire chez le voisin, c’est comme ça aussi que nous allons évoluer !

Propos recueillis par Sira

Pour en savoir plus : 

Site Web : http://www.imane-ayissi.com/

Page Facebook : https://www.facebook.com/Imane-Ayissi-fashion

Imane Ayissi et Sira