Mario Epanya: « Pour moi la beauté est diverse. Il n’y a pas une beauté mais des beautés »

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Le photographe de mode et maquilleur professionnel spécialiste des beautés noires, Mario Epanya, nous parle de son parcours, de ses projets ainsi que de son combat pour plus de diversité dans l’univers de la mode et de la beauté.

Article mis à jour le 11 janvier 2025 par La rédaction

photographe de mode et maquilleur professionnel

Le photographe de mode et maquilleur professionnel spécialiste des beautés noires, Mario Epanya, nous parle de son parcours, de ses projets ainsi que de son combat pour plus de diversité dans l’univers de la mode et de la beauté.

Biloa Magazine : Vous avez commencé votre carrière artistique très jeune… A l’âge de 16 ans vous faisiez déjà vos premières expositions de peinture à l’Institut Français de Douala au Cameroun. Comment êtes-vous devenu maquilleur et photographe professionnel?

Mario Epanya : Oui, très jeune. J’ai eu la grâce de peindre et de dessiner assez facilement d’où le sens des couleurs, des dégradés, contrastes, etc. Lors de ma première exposition à l’occasion de la semaine de la mode et culture afro en 1996 à Doubla, l’organisatrice a été plantée à quelques heures du défilé d’ouverture par l’esthéticienne maquilleuse. Je lui ai alors proposé mes services et c’est comme ça que je suis devenu maquilleur. Et fort de ce succès, je me suis envolé vers la France en l’an 2000 afin de devenir maquilleur professionnel.

Après 7 années fabuleuses dans la mode parisienne, je commençais à stagner… Mais aussi l’absence de diversité dans le milieu qui m’a poussé à prendre les choses en main et proposer une alternative. Ainsi, j’ai décidé de devenir photographe mode et beauté et faisant de la femme noire mon principal sujet.

Biloa Magazine : Vous n’êtes pas le seul artiste de la famille… Vous avez aussi un frère dans la musique et une sœur sculptrice. Votre passion pour les arts vous a-t-elle été transmise par vos parents?

Mario Epanya : Sans aucun doute ! Très tôt mon père, Feu Epanya Merlin Samuel, nous a initié à l’art pictural, le cinéma, la lecture, les langues, la musique classique et on avait un piano à la maison. Et ma mère, passionnée de mode avait son atelier de couture dans l’une des pièces de la maison où j’étais souvent fourré à regarder les matières, feuilleté les magazines de mode, assisté aux essayages des clientes; et souvent, je m’amusait à confectionner des robes pour des poupées etc.

Un univers féérique où l’on passait d’un art à un autre et on n’avait pas le temps de s’ennuyer car chacun y trouvait son compte et en discutait avec nos parents. Mon frère Brahms Epanya (inspiré du grand compositeur allemand) est beat maker. Sa passion c’est la musique. Ma sœur Reine Patricia est sculptrice et créatrice de poupées « Mandobells art Dolls Facebook » mais aussi Architecte et Designer d’intérieur. Elle a investi dans l’immobilier et est propriétaire des résidences JABEA pour expatriés en mission ou touristes à Douala.

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Biloa Magazine : Que ce soit en tant que photographe ou maquilleur professionnel, vous sublimez le plus souvent des beautés noires. Est-ce seulement un choix artistique ou aussi une certaine façon de « militer » et de « promouvoir » la beauté des femmes noires?

Mario Epanya : C’est du militantisme, pour moi la beauté est diverse. Il n’y a pas une beauté mais des beautés. Les différences culturelles, esthétiques existent et faut respecter cela. C’est juste cette absence de diversité dans l’univers dans lequel j’évolue qui m’a poussé à le faire. J’ai souvent entendu des choses horribles sur la diversité… Mais nous vivons dans un monde coloré dans sa nature la plus profonde, il suffit de voyager un peu ou à la limite de regarder autour de soi. 😉
Mais il faut aussi passer un message aux femmes noires qu’elles assument leur identité, et arrêter de croire qu’il suffit de rentrer dans un moule imposé par quelques médias pour être « belle ».

« Nous devons être fiers de qui nous sommes et transmettre cela aux générations futures »

Je ne suis pas la pour juger qui que ce soit mais donne mon opinion. Je trouve triste et stupide de coudre les cheveux de quelqu’un d’autre sur sa tête au lieu de soigner les siens, ou pire encore utiliser des produits décapants pour éclaircir un joli teint chocolat… C’est un vrai désastre dans notre communauté. Nous devons être fiers de qui nous sommes et transmettre cela aux générations futures, mais pas le contraire. Voila c’est dit !

Biloa Magazine : Où puisez-vous votre inspiration?

Mario Epanya : L’inspiration est partout. Une couleur, une matière, un visage, une histoire, une émotion… et on réinterprète et essaie de partager avec l’autre son émotion. Les reines ou leaders (Cléopâtre, Angela Davis) m’inspirent, la femme forte qui sait qui elle est, où elle va, qui fonce, sûre d’elle et qui assume son identité unique et surtout qui n’oublie pas la féminité même dans son combat. Les divas de la chanson ou Icônes de la mode comme Grace Jones, Diana Ross ou Erykah Badu. Ensuite, je me réapproprie leurs codes esthétiques, coupe de cheveux, expression, dressing code et construit un shooting autour de ça.

Biloa Magazine : Votre travail semble être davantage reconnu à l’international qu’en France où vous résidez, comment l’expliquez-vous?

Mario EpanyaMario Epanya : L’exception Française…. Vous avez déjà entendu parler de l’exception française? Ah la France, mon beau pays …et Paris la Belle. Oui il y a encore des efforts à faire autour de la mixité mais nous sommes sur la bonne voie car à mon avis la France a pendant des années mis certains de ses compatriotes à l’écart de la construction d’un projet commun, ce qui a engendré le communautarisme.

En ce qui concerne la mode et beauté, parlons plutôt de Paris car c’est plutôt là que ça se passe. C’est l’histoire d’une très belle femme blonde aux yeux bleus nommée Paris, esthète, fière, vaniteuse, superficielle, bourgeoise, prétentieuse, convoitée par un homme noir artiste bohème, rêveur, égoïste, travailleur, philosophe, noble mais modeste… L’avenir nous dira si ces deux personnages feront de beaux enfants métis.. 🙂

Biloa Magazine : L’un des revers du succès est que votre travail est aussi menacé par le plagiat. Comment faîtes-vous pour protéger vos créations à l’heure d’internet et des médias sociaux?

Mario Epanya : En ce qui concerne le plagiat ça existe depuis la nuit des temps donc on ne peut pas grand chose contre ça. Bon déjà le numérique nous permet de réduire la taille des fichiers ce qui est déjà bien car ceci empêche aux voleurs d’exploiter votre travail en printing. Grâce à Photoshop on peut rajouter son logo ou des sigles copyright en utilisant différents calques sur les fichiers ce qui les rend inexploitables. Pour l’instant c’est efficace.

Biloa Magazine : Il y a quelque temps vous aviez le projet de lancer un grand magazine de mode mettant en valeur la beauté des femmes noires ainsi que les créateurs africains. Est-ce un projet qui vous tient toujours à cœur?

Mario Epanya : Oui et Non. Oui car je continue à croire qu’il faut un grand et beau magazine dédié à la beauté et culture et talents d’Afrique afin de rendre honneur et justice. Non parce que le souci est que les principaux concernés ne soutiennent pas ce genre d’initiatives. On a les beaux discours de solidarité etc. mais pas suivi d’actes. Donc l’avenir nous dira…. Les choses vont évoluer dans le bon sens j’espère…

Biloa Magazine : Pour finir, pouvez-vous nous donner quelques conseils pour réussir un maquillage de fêtes?

Mario Epanya : C’est drôle je viens de réaliser ma première vidéo beauté en partenariat avec Diouda et Iman Cosmetics France. Je vous invite à vous inscrire sur ma chaîne Mario Epanya et partager avec vos lectrices. Et c’est sur le maquillage de fêtes justement… 🙂

Biloa Magazine : Merci pour vos réponses, souhaitez-vous faire un dernier commentaire, partager une actualité?

Mario Epanya : Je travaille sur mon nouveau site qui sera prêt début 2015 sur la plateforme FORMAT et ça va être de la bombe! Donc j’invite tous ceux qui veulent travailler avec moi à le consulter et ne pas hésiter à m’envoyer un message. L’avantage des nouvelles technologies est qu’on peut travailler partout dans le monde aujourd’hui alors pourquoi s’en priver? Vous pouvez me suivre sur Facebook, Google+, Lindekin, Instagram, Youtube.

En remerciant Biloa magazine de mettre mon travail en avant, je vous souhaite à tous de belles fêtes de fin d’année et belle et heureuse année 2015.

Site web : http://mario-epanya.format.com (Lancement officiel début janvier 2015)

(Crédits photos : Mario Epanya)

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