Entrevue avec Jocelyn Cooper, fondatrice d’Afropunk

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Né en plein coeur de Brooklyn au début des années 2000, le mouvement Afropunk représente la célébration de l’apport essentiel de la communauté afro-américaine à la culture contemporaine mondiale.

Article mis à jour le 7 mai 2020 par La rédaction

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Jocelyn Cooper, fondatrice du mouvement Afropunk

Né en plein coeur de Brooklyn au début des années 2000, le mouvement Afropunk représente la célébration de l’apport essentiel de la communauté afro-américaine à la culture contemporaine mondiale. Afropunk, c’est aussi un Festival qui a traversé l’Atlantique. Jocelyn Cooper, sa fondatrice, était de passage début juin à Paris, à l’occasion de la seconde édition française. Entretien en direct du Centre FGO Barbara, en plein cœur du quartier de Barbès.


Afropunk est un immense mouvement depuis près de 15 ans. Comment l’avez-vous lancé ?

Au début, il y a eu un premier film documentaire en 2003, produit par mon partenaire Matthew Morgan. Puis à partir du film, nous avons commencé à produire un petit événement et créer un site web avec l’ensemble de la communauté. Le festival à New-York existe désormais depuis six ans.

Sans la « black culture », il n’y aurait rien ?

J’aime que vous dites cela. La « black culture » est à la base de beaucoup d’influences, de beaucoup de cultures mainstream. Nous avons une influence globale. C’est le point départ. C’est vraiment ce qu’on pense.

Pourquoi Afro ? Et pourquoi Punk ?

Cela dépend vraiment de la définition que vous avez de punk. Punk c’est la part de liberté. Et afro c’est la part de couleur. Afropunk, c’est un espace pour tout le monde. Pour être libre, pour s’exprimer, faire tout ce que vous avez envie. Nous sommes de toutes les cultures. De la musique à la mode, en passant par les arts, la photographie, le lifestyle, le sport urbain ou même la restauration.

C’est la seconde fois que le Festival vient à Paris. Que pensez-vous de la capitale française ?

Paris est vraiment excitante. Il y a beaucoup de cultures et différentes formes d’Afropunk. C’est un endroit typiquement Afropunk. Beaucoup de jeunes s’activent et s’inscrivent dans notre engagement qui consiste à prendre la place qu’on ne veut pas nous donner. Et il y a également beaucoup de belles femmes.

Ne pensez-vous pas que la France a davantage de lien avec l’Afrique que les Etats-Unis ?

Oui, en effet, c’est très intéressant. C’est lié à l’histoire. Quand nous sommes venus pour la première fois, on s’en est rendu compte. Tout le monde se côtoie. C’est très spécial ici et vraiment différent des Etats-Unis. Il y a un réel lien avec l’Afrique, dans la danse, la nourriture, la mode. Nous n’avons pas cela aux Etats-Unis. L’engagement des musiciens africains également est incroyable.

Quels sont vos prochains projets ?

Refaire encore le Festival ici à Paris, avec plus d’événements et de concerts. Nous souhaitons que la communauté s’apporte encore plus. Il faut que les jeunes viennent en masse. Nous sommes là pour les aider à exposer leur culture de manière globale. Nous souhaitons développer le mouvement à Londres, en Afrique, et partout où c’est possible du Canada à l’Allemagne. Nous voulons montrer et mettre en valeur de jeunes artistes partout dans le monde. Des jeunes pas forcément connus, mais réellement impliqués dans notre cause contre le racisme, le sexisme ou encore l’homophobie. Des artistes avec de vrais textes, de vraies chansons.

Vous avez lancé un merchandising conséquent. Tee-shirts, sacs, bouteilles de bière… Est-ce que ça fonctionne ?

Oui, les gens achètent. Ils aiment le style, le gros logo Afropunk. Les punk aiment beaucoup la profession de foi « No sexism, No racism, No ableism, No ageism, No homophobia, No fatphobia, No transphobia, No hatefulness ». Ils aiment la porter et la montrer en public. Cela permet de se faire voir au monde, d’être inclus parmi les autres.

Pensez-vous que les noirs souffrent encore de discrimination ?

Oui, les noirs et beaucoup d’autres.

Qui est selon vous l’artiste le plus Afropunk du monde ?

C’est une question difficile mais pour moi c’est Stromae. Je l’aime, je l’adore. Pour moi, il est vraiment Afropunk. Les gens croient en lui. C’est une pop star en France et un peu partout dans le monde désormais. Je l’aime pour ses chansons, sa musique. L’Afrique, la pop, le hip-hop, la dance… Il y a tout dans sa musique. Son show, ses vêtements. J’ai un sticker de sa photo collée sur mon ordinateur. Je le vois tous les jours en ouvrant mon ordinateur. J’aimerais beaucoup qu’il joue un jour dans notre Festival à New-York.

Propos recueillis par Florian Dacheux

Plus d’infos : http://www.afropunk.com/