Kareen Guiock, une femme autodidacte de caractère

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Article mis à jour le 1 mai 2021 par La rédaction

Depuis 2012, l’info télévisée du 12:45 sur les plateaux de M6 (France), c’est elle! Kareen Guiock! Seule aux commandes de ce JT, du lundi au vendredi, elle l’incontournable silhouette féminine qui s’invite quotidiennement dans nos foyers, une présentatrice de charme, un sourire convivial, du professionnalisme, un naturel pour une popularité sans cesse croissante. Née d’un père guadeloupéen et d’une mère martiniquaise, elle est une des rares ambassadrices des territoires ultramarins à une heure de grande écoute sur une chaîne nationale. C’est avec un parcours non formalisé mais au feeling et des rencontres, que Kareen a tout naturellement emprunté cette voie. Découvrons ensemble cette femme hors du commun.

 

Kareen, comment expliquez-vous votre passion pour le journalisme dès votre plus jeune âge?

C’est plutôt une vocation. J’avais une folle envie de raconter des histoires! Je trouvais que le monde était très injuste. Je voulais contribuer à changer le monde, raconter les injustices pour déclencher des vocations, pour réveiller des combats et donner l’envie de mettre un peu plus de justice et de bienveillance dans ce monde. Très jeune, c’est ce qui m’a portée vers ce métier.

J’ai découvert qu »à moi toute seule, je ne pouvais pas changer le monde et c’est une énorme déception (rire) mais si à son échelle, on tente de répandre un peu de justice, de bienveillance, je pense que l’on peut réussir à changer les choses dans son environnement. En les semant et chacun prenant le relais, on peut alors arriver à quelque chose.

Votre parcours de femme journaliste a-t-il été jalonné d’embûches ou au contraire a – t- il été un long fleuve tranquille? Et comment pouvez-vous le qualifier?

Ce n’était ni un long fleuve tranquille ni un parcours semé d’embûches. J’ai eu énormément de chance sur mon parcours. Je ne viens absolument de ces rails: ma mère est enseignante, mon père chef d’entreprise. Ce qui n’a absolument rien à voir avec le journalisme et je ne connaissais personne dans cet environnement. J’ai eu la chance de rencontrer des gens qui ont eu envie de travailler avec moi, de me donner ma chance et voir ce que je valais. Ce que je fais aujourd’hui, en l’occurrence présenter le JT, cela a été une proposition de la direction. Je n’en avais pas exprimé particulièrement le désir. Sans doute, parce que je n’avais pas imaginé que cela pouvait être possible. C’est un parcours atypique, jalonné de belles étoiles ou de bonnes étoiles! (Rires)

En quoi consiste la réussite sociale en tant que femme, selon vous?

Pour une femme, la réussite sociale c’est l’épanouissement, le regard qu’elle porte sur elle-même, c’est ce qu’elle considère avoir bien accompli. Il y a des femmes qui n’ont pas forcément eu une réussite sociale importante en termes de travail mais elles ont fait des enfants magnifiques, qui ont fait de super études, qui s’assument pleinement, qui parfois prennent soin d’elles. Et c’est est une belle réussite! Pour une femme, la réussite sociale est ce qu’elle a enfanté! Dans enfanter, il y a « des enfants » mais aussi  le travail qu’elle fait, ce qu’elle a pu transmettre dans son environnement, ce qu’elle apprend aux autres.

Quelles sont vos relations avec la Guadeloupe?

Elles sont fusionnelles! (Sourire) J’adore la Guadeloupe! J’ai la chance de pouvoir y revenir 3 à 4 fois par an et je ne conçois pas ma vie loin de la Guadeloupe! Je ne me sens bien vraiment qu’ici! Ma mère est d’origine martiniquaise, elle vit en Guadeloupe, ainsi que mon père.  L’essentiel de ma famille vit encore en Guadeloupe. C’est une terre que j’aime et dont j’ai besoin. J’ai beaucoup d’ancêtres qui sont morts ici dans des conditions peu formidables donc je les honore aussi. Ils ont réussi à vivre assez longtemps pour donner la vie et que je puisse exister aujourd’hui. Je n’oublie pas que ceux dont je suis issue, ont extraordinairement souffert.

Quelle est votre plus grande fierté?

Que ma mère et mon père soient fiers de moi! Qu’ils se disent qu’ils n’ont pas fait tous ces sacrifices pour rien, qu’ils se disent « On a fait une jolie personne ».

Pour vous, qu’est-ce qu’une femme libre?

C’est une femme qui a des désirs et qui ne s’arrête que lorsqu’elle les a réalisés, matérialisés! C’est une femme qui sait ce qu’elle veut et qui va chercher ce qu’elle veut et peut ensuite s’arrêter pour contempler son œuvre.

Avez-vous eu un avantage quelconque du fait d’être pétrie par 3 cultures?

C’est possible, mais je vais l’illustrer d’une autre manière, par les personnages politiques qui ont émergé des Antilles. Pour la Guadeloupe et la Guyane, ce sont des territoires d’où les femmes émergent. J’ai grandi en Guyane avec l’image d’une femme Christiane Taubira. En Guadeloupe, avec Lucette Michaux-Chevry. En Martinique,  c’est essentiellement un homme, Aimé Césaire. La femme guyanaise est une femme libre et forte. Elle incarne quelque chose de presque, très supérieur. Le souvenir que je garde de la femme guyanaise avec laquelle j’ai grandi en Guyane, est qu’elle est spectaculaire! Elle veut, elle obtient! Cela m’a forcément mûrit. La femme guadeloupéenne, que ma mère incarne, a une force, cette certitude qu’il ne leur arrivera jamais rien qui mettra en danger leur vie. Elles se battront toujours et elles y arriveront. Elles se relèvent quoiqu’il arrive. J’ai grandi avec ces femmes et je suis nourrie de ces femmes. Ma mère est d’une indépendance extraordinaire, elle fait tout, elle-même et n’a besoin de faire appel à personne. J’ai  gardé cela de ma mère. Tout ce dont j’ai besoin, je le fais moi-même. De temps en temps pour faire plaisir à un homme, je lui demande de faire quelque chose pour moi, mais je n’en ai pas besoin. Je peux le faire et je sais le faire!

Côté femme, comment vous définissez-vous genre vestimentaire et quel est votre style?

Je suis très « casual ». J’aime être à l’aise au quotidien, ne pas être engoncée. Selon moi, l’élégance est souvent un tissu qui flotte dans l’air et non un tissu qui vous moule. Je trouve toujours plus joli une femme, qui en passant laisse un effluve de parfum et le tissu qui virevolte, plutôt qu’une robe courte et moulante. Selon moi, « Less is More », la sobriété est ce qu’il y a de mieux.

Etre belle pour vous, cela signifie quoi?

Une femme belle est dans le partage, elle est généreuse, spontanée, elle va vers l’autre. Il y a de la sororité dans la femme belle! C’est ce qu’elle a cultivé à l’intérieur d’elle et ce qu’elle tisse avec d’autres femmes, qui la rend belle.

Croyez-vous au destin?

Spontanément, je dirais oui. A la fois, je crois au hasard et je n’y crois pas! Cela dépend des jours, je suis comme le temps (Rires). Je ne crois pas qu’il y ait de hasard mais parfois, il y a des choses tellement inexplicables, que la meilleure explication reste le hasard. Cela évite d’avoir à trop se questionner sur les événements. Il faut les vivre! Mais je ne crois pas au hasard, non! (Sourire)

Article rédigé par Ghislaine Férec

Crédit photos: OGF