Article mis à jour le 1 mai 2021 par La rédaction
Le Design Ethnic urbain et coloré de Myriam Maxo, talentueuse architecte d’intérieur dépoussière le monde du design avec son style ultra tendance WAX. Graphisme et couleurs audacieuses pour une ligne éponyme MyriaMMaxo, inspirée des voyages et de rencontres, pour une inventivité et une inspiration sans limite. Rencontre avec cette jeune créatrice Guadeloupéenne-Sarcelloise, sous les projecteurs avec DD le Teddy Bear fétiche de Yvy Blue, la fille de Beyonce.
Quel a été votre parcours pour devenir la femme Designer et Architecte d’intérieur que vous êtes?
Un parcours, qui a commencé par des études pour devenir architecte d’intérieur. En tant que femme, il faut beaucoup se dépasser. On attend généralement moins d’une femme, que d’un homme. Il est vrai que l’on n’a pas vraiment misé sur moi mais j’avais envie de croire en moi, avec la volonté de toujours me dépasser. Ce qui m’a vraiment beaucoup aidé dans mon parcours!
Est-ce que ce parcours a été aisé? Comment gérez-vous vos périodes de doute et de galères?
J’ai eu énormément d’obstacles! Il n’y en a pas de plus grands ou de plus petits pour d’autres. Mais je crois que cela dépend de la façon dont on les vit et la manière dont on est capable de les dépasser. La plupart des obstacles que j’ai rencontrés sur ma route ont contribué à me construire. A partir du moment où j’ai réalisé que le fait d’avoir aussi des difficultés était une manière de se construire, j’ai finalement décidé d’embrasser ces difficultés, de me sentir capable de les surmonter, même si ce n’est pas toujours aussi simple et d’apprécier la réussite au bout de ce chemin!
Vos collections sont empreintes de couleurs des Caraïbes, de l’Afrique, de l’Asie… Révélez-nous vos créations et parlez-nous de votre fibre artistique?
J’adore tout ce qui est très lumineux! J’ai une sensibilité très prononcée par rapport à la couleur. Je suis convaincue que la couleur permet de soigner les gens, les petits bobos de la vie quotidienne. Les couleurs sont une médecine, que j’alimente à travers le graphisme. Je combine les couleurs et le graphisme pour permettre aux gens d’être plus gais, de rêver, car l’imaginaire est aussi une manière de s’éloigner des choses qui nous minent au quotidien. La démarche dans mon travail est de permettre aux adultes de s’évader car c’est toujours plus dur de s’évader pour un adulte que pour un enfant. Mon travail dans le design est de libérer les frontières de l’esprit.
D’ailleurs, chez moi, c’est très coloré. Ma maison me ressemble! Toutes les personnes qui viennent chez moi pour dix minutes, ressortent deux heures plus tard et ne voient pas le temps passer. Le fait d’avoir beaucoup de couleurs dans une maison, permet à l’œil de ne pas se fixer. Quand il y a des couleurs et du graphisme qui nous permettent de remarquer les détails. L’esprit reste alors dans un mouvement, dans une dynamique, il vagabonde et on ne voit pas passer le temps!
Où puisez-vous toute l’énergie qui vous caractérise et votre inspiration sans limite pour autant de créativité à chaque fois?
Les personnes que je rencontre au cours de mes voyages et les paysages sont mes sources d’inspiration. L’essentiel est dans la nature, dans mes échanges avec les personnes. C’est par l’observation et l’écoute, que je retranscris ce que j’ai ressenti.
Quand on vous dit le mot Guadeloupe, d’après vous quel est ou quels sont ses synonymes?
Ceux qui me viennent à l’esprit quand je pense à la Guadeloupe sont Karukéra l’île aux belles eaux, paradis, caractère et détermination!
Quelles sont vos valeurs en tant que femme?
Le respect des autres avant tout! Le fait d’être « droite dans ses bottes », d’être en phase avec la personne que l’on est, d’être à l’écoute de ses besoins, ses envies. Le respect des autres est une base fondamentale qui permet à n’importe qui de progresser.
Quelles sont les femmes qui vous inspirent?
Les femmes de ma famille comme ma mère, ma grand-mère, ma tante (qui me fait sentir que je suis à la maison quand je suis là!), ainsi que Nneka, une artiste qui vient du Nigéria, qui fait une musique très spirituelle à travers des rythmes africains, avec une double culture allemande et nigérienne. Les gens qui ont une double culture ont beaucoup de choses à partager. Souvent, le fait d’être d’un seul lieu nous limite. Etre issu d’un mélange peut permettre de s’ouvrir à d’autres choses.
Il y a aussi Maya Angelou, la philosophe-écrivain, dont j’adore les textes! Il y a des hommes qui ont beaucoup compté pour moi dans ma vie, qui sont mes héros. Etre une femme, être un homme est pour moi, un point de vue, car la liberté de s’exprimer, d’être soi-même, est la plus belle chose que l’on puisse avoir! Etre une femme demande beaucoup de courage, souvent une prise de position.
Il y a quelqu’un si je puis dire, qui est entré dans votre vie et qui en est sorti pour rejoindre les bras d’une petite fille, la fille de Beyoncé, Yvy Blue. Pouvez-vous nous parler de cette belle histoire?
DEDE, c’est l’histoire de mon parcours, l’histoire de mon besoin d’affection. DEDE est naît des échanges que j’ai eu quand j’étais étudiante en Angleterre, qui m’ont montré que l’on pouvait créer un objet connecté. On peut ainsi rentrer chez soi sans forcément courir vers son ordinateur mais d’aller vers un objet, qui n’a peut-être pas de vie mais avec lequel on va pouvoir communiquer, qui va garder nos secrets, qui va voir nos peines et nos joies. J’avais envie de créer une pièce comme celle-ci et je suis aujourd’hui très heureuse que DEDE apporte du bonheur aux personnes qui l’ont, de voir son parcours. Quand on est petit, le doudou signifie beaucoup de choses. Quand on grandit, on vit sans lui et je suis venue le ramener aux adultes pour un peu de chaleur, d’affection car on y a aussi droit!
Comment vivez-vous votre attachement à l’Afrique? Et à Sarcelles?
Je suis une personne à cent pour cent pour l’amour que j’ai pour l’Afrique, comme celui que j’ai pour la ville d’où je viens, ou pour les gens que je rencontre, pour mon île et pour les autres îles. On choisit tout le temps sa maison et elle évolue avec nous. Sarcelles est une partie de moi-même, que je ne pourrais jamais dénigrer. Cela m’a permis de me forger, de me rendre compte de l’exclusion et d’être une personne qui se bat contre cela! Si je n’avais pas fait, on va dire, à Sarcelles, je pense que je n’aurais pas été capable d’apporter autant de douceur et de gaieté dans les maisons des gens. Sarcelles est une ville multiculturelle, qui donne beaucoup d’amour grâce à ses habitants. J’avais envie de montrer qu’il n’y a pas de mauvaises graines à Sarcelles mais que de belles graines qui sont prêtes à germer! Il y a énormément d’artistes talentueux et de sportifs qui viennent de cette ville! Que ce soit en Afrique ou à Sarcelles, ce sont des endroits, que j’apprécie car ils ont encore pleins de choses à nous montrer, avec des gens remplis de potentiel, qui demandent qu’à s’exprimer.
Avec votre vécu de femme et d’artiste et ce que vous allez encore vivre, croyez- vous au destin?
Je crois au destin et je crois que l’on peut forcer le destin! Il faut toujours être connecté. Le destin, c’est très subtil, c’est sentir et être attentif aux choses et écouter sa voix intérieure. Il faut croire en son destin! C’est un mélange de rencontres et d’écoute de soi-même.
Article rédigé par Ghislaine FEREC
Crédits photos: GHISLAINE FEREC