Séoul, une ville aux charmes multiples

single-image

Photo : Vu sur le quartier de Dongdaemun

Article mis à jour le 19 janvier 2021 par La rédaction

Mégalopole parmi les mégalopoles, Séoul abrite plus de 10 millions d’habitants. Cette ville est, par bien des côtés, chronophage. Tout s’y déroule vite, très vite parfois même trop vite. L’Internet est ultra rapide, le service des transports en commun, dense, efficace et d’une ponctualité déconcertante, les magasins restent ouverts jusque tard le soir et le système de livraison ne s’arrête jamais. Si vous avez eu l’occasion de voir ou de lire des reportages sur la Corée du Sud, vous aurez déjà entendu parler de l’expression « palli palli » qui signifie « vite vite » et que les Sud-coréens prononcent à longueur de journée. S’il a fallu un certain temps à la Parisienne que je suis, pour m’habituer à ce rythme frénétique, seules quelques semaines ont été nécessaires pour que je sois charmée par l’art de vivre à la coréenne.

Vous prendrez bien un café ?

Aller au café, seul ou avec des amis, n’a rien d’exceptionnel, mais c’est devenu un moment incontournable de ma journée. En Corée du Sud, le coffee shop est un haut lieu de la vie sociale et quotidienne. En surabondance dans la capitale, leurs propriétaires doivent faire preuve de créativité aussi bien sur la carte que dans la décoration pour attirer la clientèle. Il y a le coffee shop pour les amateurs de café amer et fort, celui pour les gourmands où l’on vous servira pâtisseries et boissons sucrées, et celui où l’on se donne rendez-vous pour étudier. Jeunesse branchée, employés de bureau ou mères au foyer, tous s’y retrouvent pour passer un après-midi ou prendre les photos qui viendront orner les profils des comptes sur réseaux sociaux.

Ruelle de Séoul dans le quartier de Ihwa où vous pourrez prendre un café tout en admirant Séoul. Crédit: Victorine V.

Même si je suis devenue accro au café, j’aime savourer de temps à autre une bonne tasse de thé, véritable art en Corée du Sud. Entrer dans un salon de thé, c’est être coupé un instant de l’agitation du dehors et la promesse de passer un pur moment de détente. Il est d’usage que le salon de thé soit un lieu à l’ambiance feutrée. Le personnel comme la clientèle y observe un comportement mesuré dans un décor mêlant souvent mobilier en bois et espace extérieur où trône parfois un bel arbre ou un arrangement de pierre et de sable. Un personnel attentif vous conseillera et vous aidera à choisir parmi la multitude de fragrances proposées dont certaines sont connues pour leurs effets bénéfiques. Vous y trouverez le célèbre thé au ginseng « insamcha » et le « ssanghwacha » réputés pour soigner la fatigue, ainsi que des thés fruités comme le « yujacha », une sorte de thé au citron, ou du thé au jujube pour le rhume et les maux de gorge. On vous apportera ensuite votre boisson dans un magnifique service qui suscitera votre admiration. Rendez-vous dans les quartiers de Insa-dong et Bukchon du vieux Séoul où des maisons de thé populaires vous offrirons ces doux breuvages.

Je suis aussi fascinée par la façon dont les Coréens allient parfois moment du quotidien et nourriture. Ainsi, il est commun de les entendre clamer une irrésistible envie de « samgyetang » pendant les trois jours les plus chauds de l’année ou de « pajeon » un jour de pluie. Le « samgyetang » est une soupe constituée d’un poulet entier, farci de riz et cuit dans un bouillon de ginseng, de jujubes et d’herbes traditionnelles. Ce plat est apprécié en particulier en été, car il est réputé pour redonner vigueur et énergie au corps mis à mal par l’humidité et la chaleur estivales. Quant au « pajeon », c’est une sorte de grande crêpe frit sur plaque qui peut être garnie de ciboule, de kimchi (du chou fermenté et pimenté) avec ou sans fruits de mer. Si les Sud-coréens aiment déguster ces crêpes les jours pluvieux, ce serait, m’a-t-on dit, parce que le son de la pluie qui tombe leur rappellerait celui de la friture. Une manière poétique de transformer ces aléas climatiques en instants de partage et de convivialité.

S’aérer le cœur et l’esprit

Il est facile de se sentir oppressé dans une métropole aussi dense et peuplée que Séoul. Mais étonnamment, il n’est pas indispensable de la quitter pour échapper à cette pression. Il est possible, au détour d’une rue ou après un trajet de métro, de se retrouver coupé du tumulte de la vie citadine. Séoul est entourée de montagne et nombre de ses habitants aiment aller profiter des bienfaits de la montagne. Le week-end, vous croiserez des groupes de tous âges, équipés comme de vrais pros, à l’entrée des sites de randonnée tels que le parc national de Bukhansan, certainement le plus connu et le plus fréquenté de la ville, et sur le mont Inwangsan d’où l’on peut contempler Séoul. Les Coréens apprécient tout particulièrement cette activité en automne, lorsque les arbres se parent de leurs plus beaux feuillages rouge, or et vermillon. Une journée revigorante qui se termine souvent dans un restaurant, où les randonneurs fatigués dégusteront les fameuses « pajeon », arrosées de « makgeolli », un vin de riz léger (à consommer avec modération).

Vue de la montagne Bukhansan depuis le palais de Gyeonghuigung – Crédit: Victorine V.

Les temples bouddhistes constituent aussi de véritables îlots de tranquillité. La visite ou le séjour dans un temple est une des activités qui vous sera recommandée sans exception dans tous les guides touristiques comme une expérience inoubliable et qui me paraissait un peu cliché, je l’avoue. Et, je trouverai encore cela surfait, si je ne l’avais pas vécu moi-même. Il suffit en effet de pénétrer dans un temple pour ressentir en un instant une atmosphère particulière, un calme énergisant. Vous ressentirez certainement de l’apaisement rien qu’en arpentant les allées bordées d’arbres ou de statues de Bouddha. Parmi mes lieux favoris pour aller m’aérer l’esprit : le sanctuaire de Jongmyo, où se déroulaient des cérémonies rituelles, et le tombeau royal de Taereung, dernière demeure d’une grande reine du 16e siècle. Classés au patrimoine mondial de l’UNESCO, ces sites sont entourés de nature et sillonnés par de jolis sentiers à arpenter.

Photo : Temple de Gilsangsa – Courtoisie : monsieur.vincent

Par bien des côtés, Séoul est déroutante. Il est facile de se laisser engloutir et dépasser par le rythme épuisant qu’elle impose. Mais il est tout aussi facile de se laisser envoûter par ses charmes et porter par son énergie électrisante, pour peu que l’on sache l’apprivoiser. Visiter Séoul, c’est être sûr de vivre un dépaysement total. Impossible de s’ennuyer dans cette ville qui sait si bien alterner grande effervescence et profonde quiétude.