Valentine Cauchy (Yellen’Art) : « La calebasse sert à tout »

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Article mis à jour le 4 novembre 2016 par La rédaction

Valentine Cauchy - Yellen'art - luminaires en calebasseA l’occasion de l’événement « Un peu d’Afrique à Montmartre », rencontre à Paris avec Valentine Cauchy. Artisan d’art et originaire de Côte d’Ivoire, elle a lancé Yellen’Art, un atelier de création de luminaires en calebasse.


 Quand et comment avez-vous commencé à créer des luminaires en calebasse ?

Depuis 2007. Auparavant, je n’étais pas dans le secteur, j’étais architecte d’intérieur. J’avais monté mon entreprise. Et suite à la naissance de mes jumeaux, j’ai fait une pause. C’est dans ce moment de pause que j’ai pensé à une reconversion car j’ai toujours été manuelle. Je pense que j’ai eu le mal de mon pays, les matériaux m’ont rappelé à l’ordre. J’ai acheté au départ des petites calebasses pour décorer ma maison, histoire de m’occuper. Et petit à petit, je me suis dis pourquoi pas en faire des luminaires. Je me suis exercée dans la pratique pendant un an sans commercialiser. Je faisais des cadeaux aux gens pour voir leur réaction. C’était un peu mon étude de marché personnelle. Finalement, quand j’ai vu que les gens me demandaient d’en commercialiser, j’ai commencé à faire des petits marchés de Noël, pour voir la réaction extérieure qui n’était pas celle des amis. C’est comme ça que je me suis inscrite à la Chambre des Métiers et de l’Artisanat du Val de Marne. C’est en 2012 que j’ai obtenu le titre d’artisan d’art. Maintenant que je suis reconnue, je fais beaucoup de salons d’artisans d’art. J’ai exposé deux fois à Amsterdam et une fois à Berlin.

Comment réalisez-vous ces lampes ?

J’ai mon atelier chez moi. Je travaille en collaboration avec un groupement de femmes situées à Bouaké en Côte d’Ivoire. A chaque collection, je ne peux pas me rendre en Afrique. J’ai donc constitué une petite coopérative avec des femmes de mon quartier, qui sont des mamans qui m’ont vu grandir et qui sont dans la précarité. Cela leur apporte un petit revenu afin de pouvoir s’occuper de leurs enfants. Elles achètent et me vendent les calebasses. Je leur garantis l’achat des calebasses qu’elles m’envoient, quelque soit la forme et le poids. Cela me motive beaucoup pour continuer à avancer. Il y a un sens humain dans l’acte. Elles ont besoin de moi et j’ai besoin d’elles.

Quels sont vos projets en cours ?

J’ai envie d’agrandir mon projet. Je ne vais pas souvent en Côte d’Ivoire pour leur montrer mes désirs. Les femmes m’envoient ce qu’elles trouvent. Je pense que la calebasse peut avoir quelque chose de très intéressant artistiquement, qu’elle soit déstructurée ou déformée, on peut toujours en tirer quelque chose. Je veux leur apprendre à m’envoyer de gros colis, des containers. J’aimerais bien aller les voir, leur faire comprendre comment j’aimerais qu’on grandisse ensemble. J’ai un lieu de stockage donc on peut réussir. On pourrait ensuite parrainer leurs enfants. Je veux travailler plus, faire plusieurs ventes annuelles pour des causes réelles tels que les enfants malades dans les hôpitaux. J’aimerais faire des expositions en Allemagne, au Canada, mais aussi surtout dans les pays nordiques car ils ont besoin de lumière là-bas.

YELLEN ART 2 - luminaire en calebasse

Pourquoi avoir choisi la calebasse ?

En Afrique, la calebasse s’inscrit dans la tradition. On la trouve dans toutes les maisons. On mange avec, on boit avec, on fait la musique. C’est l’instrument utilitaire en Afrique, elle sert à tout. L’idée m’est venue quand j’ai vu les lampes marocaines qui sont faites avec le métal. Mais je n’aime pas trop le métal, je suis davantage dans le végétal, le naturel. Alors j’ai opté pour la calebasse. Il fallait que je m’adapte aux outils car la calebasse est très fragile. Au début, ce n’était pas facile. Quand je dessine, c’est à main levée. C’est vraiment dans l’inspiration qui me vient à l’esprit. J’adapte mon dessin à la forme de la calebasse. Tu ne fais pas un éléphant sur une petite calebasse.

Vous semblez avoir une relation particulière avec cet instrument…

Je dis toujours : la calebasse, tu l’épouses. Il y a une relation personnelle. C’est pourquoi je préfère voir les gens qui achètent. Quand ils viennent dans mon showroom, il y a cent calebasses. C’est comme une adoption d’enfant. Je leur dis d’adopter leur coup de cœur.

Propos recueillis par Florian Dacheux

Yellen’Art – Showroom sur rendez-vous
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valentine.cauchy@free.fr

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