Article mis à jour le 21 février 2025 par La rédaction
Du 21 février au 28 septembre 2025, le Musée McCord Stewart présente l’exposition Petite-Bourgogne – Montréal en mutation par Andrew Jackson, une incursion dans ce quartier du Sud-Ouest.
Pendant deux ans, le photographe y a documenté les points de repère importants de la communauté noire et est allé à la rencontre de personnes ayant grandi dans le quartier, qui y résident ou qui y sont toujours attachées. En résulte une exposition de 61 photographies mettant de l’avant les personnes qui furent les témoins des transformations urbaines et sociales ayant profondément affecté la Petite-Bourgogne. Trois courts métrages à la fois touchants et percutants y font également entendre des voix du quartier. L’exposition présente en outre une vingtaine d’images et d’objets issus des collections du Musée sélectionnés par Andrew Jackson. Ceux-ci, mis en relation avec des objets contemporains prêtés par des résidentes et résidents du quartier, opèrent un dialogue entre le passé et le présent.
À travers ce projet, le photographe expose la dualité propre aux lieux ou quartiers que l’on définit comme des espaces noirs (Black spaces). S’ils incarnent un sentiment de sécurité, de liberté et d’appartenance pour la communauté noire, ils véhiculent plutôt une image négative auprès des personnes non noires :
« Lorsque des espaces urbains, comme la Petite-Bourgogne, sont désignés comme des espaces noirs, cela a de profondes implications pour les personnes noires qui les occupent. Cela est particulièrement vrai en Amérique du Nord, où historiquement, dans les esprits non noirs du moins, les espaces noirs n’ont pas existé en tant que lieux d’acceptation ou de célébration de la différence. Ils ont plutôt été associés à une notion d’échec, qui devient le catalyseur de renouvellement urbain et d’embourgeoisement, et menant progressivement à l’effacement des communautés noires », explique Andrew Jackson.
Espace noir, lieu de pèlerinage
Au fil de sa recherche réalisée dans le cadre de la commande photographique Montréal en mutation, Andrew Jackson s’interroge sur la façon dont ces espaces noirs – physiques et discursifs – sont vécus par la communauté noire. Il s’intéresse particulièrement aux dynamiques de création et de maintien de ceux-ci, de manière réelle ou symbolique, et aux espaces physiquement occupés dans le passé. Son travail met en lumière la façon dont ces lieux perdurent dans la mémoire collective, et comment l’attachement à ces espaces subsiste longtemps après leur disparition en raison du renouvellement urbain et de l’arrivée de nouvelles communautés. Comme l’a constaté Andrew Jackson :
« Ce phénomène est si puissant que longtemps après leur départ, qu’il soit volontaire ou non, les personnes noires continuent d’y effectuer un pèlerinage de retour. »
La Petite-Bourgogne
Bien que la population noire représente aujourd’hui environ 18 % des 11 000 habitantes et habitants du quartier, la Petite-Bourgogne demeure un site historique d’importance pour la communauté. En tant qu’un des premiers lieux d’habitation des personnes noires au Québec, le quartier offre une perspective unique sur les conséquences de la rénovation urbaine et de l’embourgeoisement sur les populations historiques à Montréal et dans toute l’Amérique du Nord au 20e siècle. Même si certains lieux de rencontres importants comme l’Union United Church – la plus vieille église de congrégation noire au Canada – se trouvent désormais en périphérie des lignes de démarcation contemporaines du quartier, ils restent intimement liés à l’histoire de la communauté qui les a fondés et animés.
Source : Communiqué de presse
Crédit Photo : Roger Aziz – Musée McCord Stewart
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